Une artiste chinoise censurée à Paris pour avoir affiché les mots d’un slogan sarkoziste !
L’œuvre de l’artiste Siu Lan Ko, programmée depuis longtemps aux Beaux-Arts de Paris pour l’exposition Seven Day week end / Week end de sept jours dont l’inauguration est prévue ce soir, a été démontée mercredi, quelques heures après son installation. « Censure politique », dénonce l’artiste.
Travailler, gagner, moins, plus...
des mots qui dérangent
Même dans le désordre, ils ne sont pas sans évoquer l’un des plus fameux arguments de campagne présidentielle du candidat Sarkozy : Travailler plus pour gagner plus
. La formule a depuis été largement reprise et souvent détournée. Il suffit de saisir ces quatre mots dans un moteur de recherche pour s’en rendre compte : articles de presse et billets de blog les ré-agencent à loisir pour faire référence au slogan phare du président et lui faire dire tout et son contraire. Le Courrier International intitule un hors série spécial décroissance Travailler moins pour gagner moins et vivre mieux, tandis qu’un livre Travailler Moins Gagner Plus, sous-titré Travailler avec des cons, le retour !
, est édité chez Eyrolles...
En jouant sur ces mots, Ko Siu Lan ne fait que témoigner de notre temps. Elle les affiche, en blanc sur deux grandes banderoles noires, en façade de l’école des Beaux-Arts de Paris, de part et d’autre de l’entrée qui donne sur le quai Malaquais, visibles depuis la Seine. Selon le point de vue, le passant lira « travailler plus » ou « gagner moins ».
Jugeant ces bannières trop choquantes et craignant qu’elles déplaisent au ministère et nuisent au financement de l’école, le directeur des Beaux-Arts a fait retirer l’œuvre, sans préavis ni discussion, au mépris de la commissaire d’exposition. Quelle couardise ! Quelle vile soumission ! Quelle honte, pour cette institution où l’on est supposé encourager l’expression la plus libre des artistes
!
Cet incident reflète bien le climat de peur politique dès qu’on touche à Sarkozy en France, et à quel point la liberté d’expression est bafouée dès que des intérêts économiques sont en jeu
, constate l’artiste avec lucidité. J’aurais jamais imaginé ça en France
. Siu Lan réclame que son travail soit remis en place avant le vernissage de l’exposition, avec excuses et explication officielle de l’école pour cette censure, et envisage des poursuites judiciaires le cas échéant.
En attendant, faisons-nous écho de cette œuvre en l’affichant dans les rues du Web, c’est-à-dire en façade de nos blogs et sites : Une bannière contre la censure.
Vos commentaires
1. Le 13 février 2010 à 23:44, par Romy Têtue
En réponse à : Une artiste chinoise censurée en France
Bonne nouvelle : le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, a demandé aujourd’hui que l’œuvre soit réinstallée sur la façade de l’école, et ce soir les bannières de Siu Lan flottent à nouveau sur les Beaux-arts.
Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, avait proposé que l’œuvre soit exposée au « 104 », un des lieux culturels de la Ville de Paris.
Répondre à cet article
Suivre les commentaires :
| 