Rentrée placée sous le signe de l’orange — non pas le fruit qu’Éluard disait bleu comme la Terre. Le courrier que je reçois de temps à autre de Cergy est tout de all-over orange, d’un ton chaudement tonifiant, à la fois de caractère et accueillant. Bon présage. C’est justement la couleur que je viens d’élire mienne pour cette année.
Aujourd’hui, je me suis toute de orange parée pour sortir dans la grisaille morne de Paris. Mes cheveux s’auréolaient d’une délicate rousseur, et même mes santiags paraissaient avoir été coupées dans un cuir fauve. Et, la fièvre aidant sans doute, il me semblait tout voir au travers d’une gelée d’abricot, d’un gel pour cheveux parfumé à la clémentine, ou plutôt d’un brouillard de paprika, cannelle et curry mêlés.
Toutes sortes de saveurs manquant à la capitale, que je retrouve néanmoins à l’inverse dans ma rue, où abonde quantité de crottes de chiens et chats. De toutes consistances, sèches, poudreuses, ou encore molles comme la peinture sortant fraîche de son tube, elles sont ridiculement petites, entassées, alignées en pointillés de petit Poucet, ou écrasées, gardant les stries d’un pneu de voiture, d’une semelle, amorçant une série d’empreintes de pas allant decrescendo en intensité de couleur. Des merdes aux teintes variant subtilement du marron chocolat noir ou au lait, jusqu’au jaune safran, et au blanc crayeux, en passant bien sûr par toutes les nuances orangées, et dégageant de surcroît des parfums outrageusement variés.
J’habite donc au 12 de la rue des cacas.
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