« Vous pouvez utiliser vos ordinateurs pour vous organiser mondialement. Nous, on devait imprimer des pamphlets et les distribuer manuellement. Vous devez donc utiliser vos ordinateurs pour sauver le monde ! » [*]
Constat d’un féminisme invisible
- Le féministe existe, est bien vivant, et représente l’investissement de milliers de personnes en France, qui mènent un travail considérable.
- Pourtant, il demeure invisible : en effet, les médias traditionnels (TV, presse, radio), ne consacrent guère plus de 4 % de leurs sujets aux inégalités entre les sexes. Or dans le contexte actuel, celui de la « société de l’information », n’avoir aucune visibilité médiatique, c’est ne pas exister.
- Pire, le féminisme n’a pas « bonne presse ». Il est discrédité par le grand public où le qualificatif « féministe » signifie littéralement « dangereuse fouteuse de trouble, responsable de tous les maux et malheurs de la société actuelle », quand il n’est pas carrément envoyé comme une insulte.
La Cause ? son invisibilité, sa quasi-inexistence médiatique, laissent place à la rumeur, aux fantasmes, aux discours antiféministes, et à la diffamation. C’est à nous d’occuper la place.
La solution : le Web ? Si les médias traditionnels nous boudent, nous devons nous tourner vers cet autre média, le Web, à la portée loin d’être négligeable, et qui n’attend que l’on s’en saisisse, par l’autopublication, libre et gratuite.
Pourquoi le Web ? en quoi est-ce un atout ?
- Celui-ci bénéficie d’une forte audience : la moitié de la population française est désormais internaute, hommes et femmes à égalité. L’Europe compte 100 millions d’internautes à domicile (cf. : Les chiffres-clés d’Internet en 2005).
- De plus, le Web a considérablement gagné en crédibilité : c’est le premier réflexe des journalistes en quête d’information. Près de la moitié des dirigeants s’intéressent aux blogs, estimant qu’ils
permettent une communication rapide de nouvelles idées ou d’actualités récentes
. - Les blogs (sites personnels d’expression publique) sont devenus très influents, capables de peser sur les prises de décisions, ainsi que l’a encore montré la récente « affaire Garfield », où la coalition de plusieurs sites personnels a contraint le ministre De Robien à revenir sur sa décision de révocation (abusive car homophobe) d’un enseignant. De même actuellement, les publications web, sites-pétitions [1], etc. pèsent sensiblement dans l’élaboration du projet de loi DADVSI.
Le Web représente donc une nouvelle forme, non négligeable, d’expression de la démocratie.
Pourquoi le Web ? en quoi est-ce une solution ?
- Le point fort, c’est l’autopublication : les médias nous boudent, publions-nous nous-même ! Point n’est besoin de faire appel à un prestataire intermédiaire (journaliste, imprimeur ou autre diffuseur audio-visuel). Liberté, indépendance et visibilité sont au rendez-vous.
- Facilité : les techniques actuelles (blogs et autres CMS [2]), permettent de s’autopublier facilement, leur usage ne nécessitant qu’un minimum de connaissances techniques. Si bien qu’un-e français-e sur dix possède actuellement son propre blog. Où sont les blogs féministes ?
- À moindre coût : un ordi, une connexion Internet, un peu de temps et... aucun investissement financier n’est nécessaire, lorsque l’on fait soi-même !
- Rapidité : rappelons que la publication sur le Web touche son public sans délai. Pour peu que le site soit correctement référencé, une nouvelle peut faire le tour du Web aussitôt publiée. Cela est d’autant plus vrai depuis l’émergence de la syndication : flux d’information, auxquels sites et internautes peuvent s’abonner.
Conclusion : il est bien plus simple de se donner une visibilité sur le Web que dans les médias traditionnels, ce qui représente une belle opportunité de sensibiliser l’opinion publique, et à terme, de peser sur le politique et le législatif.
À nous de jouer !
À la suite de Mme Ryerson [*], une vaillante féministe Québécoise qui, à 87 ans, vient de se procurer son premier PC, j’invite toutes les féministes françaises à se pencher plus sérieusement sur ce média, qui représente une véritable aubaine pour le mouvement.
C’est-à-dire :
- De prendre le temps de découvrir et de s’y former, pour celles qui débutent.
- Pour celles qui surfent déjà : de ne pas faire que passer, lire, regarder, mais investir l’espace web, oser y prendre la parole. Intervenir dans les forums de discussion, pour rendre visible l’existence de points de vue féministes dans cet espace de débat public.
S’y publier, soit en proposant des articles aux sites collaboratifs existants [3], soit en créant son propre site, personnel ou associatif ; voir : la diffusion sans douleur dans internet. Alors qu’il existe des millions de blogs francophones, je n’en ai trouvé qu’une dizaine [4] qui soient féministes... c’est maigre ! Trop de structures ne possèdent pas encore leur site, ou ne le mettent pas à jour [5]. - Pour celles qui pratiquent déjà, découvrir et saisir les solutions techniques avantageuses. Par exemple, l’envoi massif de mails à une liste de contacts est une pratique trop répandue, non seulement peu polie (cf. : nétiquette), mais terriblement peu efficace comparativement à la publication du même contenu en ligne. Préférez publier sur le Web (= rendre public) plutôt que de faire circuler l’information par e-mail (= peu visible).
Il n’y a pas de raison que des millions de personnes sachent se saisir de ce média tant pour s’informer que pour communiquer et diffuser, et que le féminisme n’en profite pas aussi.
Vos commentaires
1. Le 8 mars 2006 à 23:43, par Mouchette
En réponse à : Plaidoyer pour un cyberféminisme actif
Florence Montreynaud sait utiliser le web pour diffuser ses idées. Si son cyberféminisme pouvait être contagieux en France...
2. Le 30 juin 2007 à 15:44, par quote
En réponse à : Plaidoyer pour un cyberféminisme actif
3. Le 16 août 2007 à 21:42, par Eva
En réponse à : Plaidoyer pour un cyberféminisme actif
Bonjour !
J’adhère tout à fait à ce que je vient de lire sur cette page. Je constate encore une fois grâce aux liens que vous proposez (notamment NetFemmes) que les féministes québécoises sont particulièrement activ(e)s.
Je suis une étudiante française mais les seuls cours de féminisme que j’aie suivis l’ont été au Québec (avec Diane Lamoureux, connue en France pour ses travaux sur le mouvement Queer mais en fait, plutôt féministe deuxième vague).
Je suis actuellement en train de préparer mon propre blog féministe, même si je n’en suis qu’à la collecte d’information. Le côté technique va me poser de grands problèmes, mais je suis très motivée.
Je suis ravie de voir que le féminisme francophone et surtout français se porte mieux que ce que je croyais. A ceux qui en doutaient encore et comme le dit si bien la blogueuse féministe américaine Jessica Valenti, le féminisme n’est pas mort !
à bientôt,
Eva.
4. Le 15 novembre 2007 à 20:54, par Caroline
En réponse à : Plaidoyer pour un cyberféminisme actif
« Où sont les sites féministes ? » Ben déjà je te donne le mien : http://femasques.blogspot.com. Mais le mieux serait de créer un site où chaque personne qui tient un blog antisexiste ou un site associatif vienne s’inscrire et présenter son site. Un répertoire géants de tout ce qui existe sur le net à ce propos. Ensuite, si quelqu’un a des contacts dans le milieu du journalisme, faire en sorte que cette info soit rendue publique dans les médias traditionnels. J’ai un frère journaliste, mais il est jeune, je ne sais pas s’il est déjà assez influent pour proposer de diffuser l’info au JT. Mais je lui en parlerai. A moins qu’un tel répertoire existe déjà ?
5. Le 26 novembre 2008 à 18:15, par quote
En réponse à : Plaidoyer pour un cyberféminisme actif
Lire la suite : Pourquoi si peu de femmes dans la blogosphère ?, par Olympe blogueuse, Rue89, 06/09/2008
6. Le 4 décembre 2021 à 13:47, par FabiLolcat
En réponse à : Plaidoyer pour un cyberféminisme actif
Hello Romy, hello mes petites et grandes sœurs. Je suis une ancienne geek de 63 ans qui revendique sa feminitude... Et qui ne sais pas faire un blog car je suis devenue une has-been au niveau internet : je laisse des traces partout où je passe, je suis géolocalisée, etc.Pouvez-vous m’aider techniquement ? D’autre part existe-t-il un blog ou un regroupement de femmes pour protéger Frances Haugen, la lanceuse d’alerte de Facebook car je n’ai aucune confiance ni dans le FBI ni dans la CIA car elle fait face aux géants de l’informatique. J’aimerais par ailleurs dans mon blog faire face à l’univers masculin du metaverse centralisé et traditionnel de Méta ainsi qu’aux jeux de guerre masculins high-tech car je suis une guerrière de la paix dans la technologie et dans le monde, pas une tueuse d’hommes.
Merci. Fabienne
Répondre à cet article
Suivre les commentaires :
| 