Paris Web 2012

Web design, qualité et accessibilité

12 novembre 2012,
par Romy Têtue

Mots-clefs associés à cet article :

Design destructeur, variables CSS, icônes et pictos, fichier README, mobilité et responsive…

Cela ne vous aura pas échappé, Paris Web est devenu un événement incontournable pour tous les développeurs web. Cette conférence francophone, qui avait lieu en octobre dernier à l’IBM Forum, explore les thèmes de l’accessibilité web, du design numérique et des standards ouverts. Sa particularité ? Elle ne réunit pas des décideurs, mais les gens qui font le Web, qui s’intéressent autant au design qu’au code, alternant des conférences émotionnelles, en show à l’américaine, et de pures conférences techniques.

Comment empêcher les designers de détruire le monde ?

Cette septième édition était davantage orientée web design que les années précédentes. Tous retiennent la conférence de Mike Monteiro, auteur de Design is a job dans la collection A Book Apart, qui nous explique comment les designers ont détruit le monde à force de perdre leur temps sur des choses futiles. Les directeurs artistiques et les écoles de design ont du sentir leurs oreilles siffler pendant cette conférence critique : There are professions more harmful than industrial design, but only a very few of them.

Destroy your hovering art director

Mike enchaîne les conseils, comme une séance de coaching collectif, avec un discours militant alliant design et conscience sociale, invitant les designers à bien faire leur travail — ce qui peut valoir pour tous les métiers, prenons-en de la graine ! Il les place face à leur responsabilité : « les designers peuvent et doivent changer le monde » et nous invite à faire plus attention aux conséquences de nos choix de conception qu’à l’originalité de nos créations ou l’ingéniosité de nos solutions. Tonnerre d’applaudissements dans la salle. Il faut cesser de s’en foutre, détruire son égo et ses peurs, oser prendre position et dire non : Décide d’être le connard qui va faire bouger les choses. Personne ne te donnera la permission clame-t-il, ajoutant Si vous n’êtes pas impliqué émotionnellement dans ce que vous créez, laissez tomber. Réaction hors les murs : D’après twitter tous les web designers présents à #parisweb viennent de démissionner de leur job, dit @recifs.

Ce qui compte, ce sont les utilisateurs

Il fut aussi question d’icônes et pictos, de l’influence du Bauhaus, de tendances, de story telling, de tests utilisateurs à distance et beaucoup d’utilisabilité, égrenée tout au long des conférences. L’accessibilité n’était pas en reste, avec le témoignage d’une journée d’aveugle en pure mobilité, l’autisme pour améliorer les projets transmédias, l’audiodescription pour sauver l’humanité… Mon moment préféré fut ce petit lightning talk, 4 minutes accessibles, vocalisé par le lecteur d’écran Hannibal. Pour ma part, j’ai animé un atelier de bonnes pratiques graphiques pour préserver l’ergonomie et l’accessibilité de l’interface web.

Le Web est devenu un ouvre-boîte universel

Côté technique, c’est fou tout ce qu’on peut faire désormais dans la fenêtre du navigateur ! Animations, 3D, interactions… Luz Caballero nous invite à « utiliser les APIs Web d’aujourd’hui pour créer les interfaces de demain » à grand renfort de démos épatantes. Bof. Horia Dragomir nous montre comment utiliser les nouvelles fonctionnalités de HTML5 pour créer des jeux sur mobile. Bof. Et l’on apprend que Mozilla est en train de développer un concurrent libre de iOS et Androïd mais en technos web, exclusivement HTML/CSS/JS donc. Bref, le Web est devenu un ouvre-boite universel, explique Anthony Ricaud.

Daniel Glazman, co-président du groupe de travail CSS au W3C, passe en revue toutes les évolutions à venir du CSS, qui est train de changer, à très grande vitesse, par introduction de nouvelles fonctionnalités majeures. Layout, grid, texte coulant en colonnes ou autour d’une image… on va enfin pouvoir reproduire les maquettes de la presse papier à l’écran ! Est-ce vraiment une bonne chose ? La mauvaise nouvelle de toutes ces nouveautés CSS, c’est que les designers et intégrateurs vont vouloir les tester. Sur nous., tweete alors @ElieSl, qui ajoute : Avec CSS, vous allez pouvoir faire des mises en pages incroyables ET faire vomir les utilisateurs avec vos transitions. Je me réjouis de l’arrivée annoncée des variables dans les feuilles de style, qui va ranger tous les pré-processeurs CSS au placard ! Ces nouveautés ne seront utilisables que dans quelques années, mais on note au passage qu’Adobe est déjà en train d’orienter toute sa chaine de production web autour de HTML et CSS.

Les variables CSS

En attendant, il se vend déjà plus de smartphones que d’ordinateurs de bureau. Mobilité et responsive sont sur toutes les lèvres, suscitant encore beaucoup de questions, notamment de mise en œuvre. À ce sujet, Vitaly Friedman, co-fondateur de Smashing Magazine, l’une des principales publications en ligne dédiée au design et au développement web, nous partage de précieux trucs et astuces responsive. J’aurais préféré qu’il s’étende davantage sur la refonte de Smashing Magazine car les études de cas et retours d’expérience sont toujours édifiants.

Conception responsive pour Smashing Magazine

« Les User Agents, c’est le mal ! » nous prévient Rudy Rigot, narrant l’histoire à l’origine de ce plat de spaghetti que sont les User Agents et pourquoi il est très difficile aujourd’hui d’atteindre sa cible avec cette entête HTTP destinée à laisser le navigateur se présenter comme il l’entend, mais en version bien souvent un peu mythomane sur les bords.

Retour aux choses simples

Côté méthodo, on profite des retours d’expériences, ça parle d’agilité, de Scrum évidemment, de sortir l’intégration des dogmes, mais aussi du B-A-ba : n’oubliez pas le fichier README, rappelle Thomas Parisot qui, l’utilisant en lieu et place de spécifications à rallonge, invite à la simplicité. Perdons moins de temps à écrire des choses compliquées !

On a monté une équipe de zéro, racontent Julien Fusco et Anne-Sophie Tranchet. Gestion de projet agile, via Kunagi (ouste Excel !), post-it et peluche : j’adore le pragmatisme et la souplesse dont ils témoignent ! J’y note : Nos sprints précédents : on a remarqué qu’on n’en avait jamais terminé un… et La R&D : si vous ne la faites pas au jour le jour, vous ne la ferez jamais.

Sur les conseils de Stéphane Angel et Mathieu Pillard, adoptez le « pair programming » ou comment travailler plus efficacement avec un seul clavier pour deux cerveaux : le code produit avec ce double regard est plus robuste et il sera d’autant plus durable et facile à maintenir qu’il ne repose pas sur une seule personne.

Une conférence accessible

Des avatars twitter bougent en vrai à un mètre de vous, des conférences et des orateurs accessibles, un public mixte, un final en karaoké où toute la salle chante le blues du développeur… Paris Web, c’est aussi cette ambiance unique. Comme chaque année, c’est l’occasion de découvrir, rencontrer ou revoir un certain nombre d’acteurs du Web, ces personnes qu’on estime et qui nous influencent, et d’échanger avec elles.

Trois jours de conférences et d’ateliers aussi denses qu’intenses, dans une ambiance de partage des connaissances et de passion généreuse, d’écoute et de respect, où le maître mot est « accessibilité ». Car comme d’habitude, les conférences sont traduites en français, en langue des signes et retranscrites en vélotypie, de façon simultanée. « Un Web accessible est la garantie que quels que soient nos cultures, nos langues, nos handicaps, nos échanges puissent exister, rappelle Karl Dubost. La technologie ainsi que les concepteurs de sites Web doivent permettre l’accès à tous ». Le plus simple est d’y faire un tour… l’année prochaine ?

Voir en ligne : http://www.paris-web.fr/2012

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