Ergonomie des interfaces riches, référentiels qualité, amélioration continue, accessibilité, internationalisation, sémantique, identité, performance…
Tous les aspects du Web couverts par ces conférences étaient abordés avec maîtrise et concision par des orateurs passionnants. Un grand merci à l’équipe de Paris Web pour cette riche programmation, pour la bonne ambiance et cet accueil chaleureux toujours si appréciables. Ces trois jours furent particulièrement intenses et m’ont rechargée pour l’année.
Ce qui m’aura le plus marqué dans cette édition de Paris Web, dès le premier jour, c’est le décalage entre le grand intérêt des sujets abordés, la pertinence des problématiques et des approches, et l’aveu, quasimment à chaque conférence, de leur trop grande rareté dans les projets web. Quelque chose déconne profondément dans la chaîne de production web telle qu’elle est généralement abordée de nos jours. Ergonomie, spécifications qualitatives, prototypes, tests utilisateurs... des étapes de conception manquent, ce qui occasionne bien trop de correctifs en phase finale de production et trop de refontes de site. Quand aborderons-nous les sites web dans une logique de développement applicatif, comme dans l’industrie logicielle ?
Paris Web est en avance de cinq ans sur son temps. Il va m’être difficile de retourner aux jours ordinaires de 2008, qui me paraissent soudain d’un archaïsme... La boîte innovante où je souhaite envoyer ma candidature existe-t-elle seulement ?
Mes morceaux choisis de Paris Web 2008
Des interventions, s’il ne fallait en retenir que deux :
- La démonstration épatante sur l’accessibilité d’Aurélien Lévy et Stéphane Deschamps qui formaient un tamdem succulent. Nous fûmes malvoyants, puis malentendants, c’était déstabilisant et très très bien !
- La table ronde multi-navigateurs, en présence de... wah, tout ça ? Opéra, Webkit-Safari, Firefox et même Internet Explorer (ne manquait que Chrome) : quelle belle brochette !
Mais c’est faire injustice aux autres, car tout était vraiment intéressant et j’ai appris de chacun et chacune. Mes notes en vrac :
- L’enjeu d’une interface, c’est qu’elle s’efface. Je l’ai toujours dit : un bon site, une bonne interface, c’est celle, discrète, dont on ne se souvient pas et qui nous laisse surfer et bosser tranquillement.
- « On est tous des handicapés ! » ai-je envie de rétorquer chaque fois que l’accessibilité est énoncée comme si elle ne concernait que les détenteurs de carte d’invalidité.
- « Penser la structure HTML nous force à nous poser les bonnes questions » nous rappellent Alix Lassaigne et Christophe Cotin-Valois, qui se préoccupent d’architecture de l’information, de rédaction de contenus et de référencement naturel. Amis rédacteurs, révisez-donc votre HTML !
- Le terme « infobulle » a fait son entrée dans le petit Robert 2007, cessons d’être vieux jeu et utilisons-en !
- Le manuel scolaire, c’est déjà une façon d’organiser le contenu comme pour un site web. Des mots simples, vulgarisons !
- On ne le dit pas assez : l’internationalisation est la cousine de l’accessibilité. Et j’aime de plus en plus les problématiques des sites multilingues.
- Waouh, vivement CSS 3 !
- « Les technologies changent, les humains non ». Les règles d’ergonomie sont toujours les mêmes et les utilisateurs ne font que répéter ce qu’ils connaissent déjà.
- En France, nous sommes les experts des boutons invisibles. Les internautes veulent cliquer, mais ne trouvent pas le bouton... c’est con, hein !
- Le Web sert à lier des données entre elles. Évident ? Hmmm... ne l’oublierait-on pas trop souvent ?
- « Guerre des navigateurs mobiles ? Oui, c’est exactement la même guerre que celle de 1997 ! »
- « Quality, what else ? »
Chose nouvelle, j’étais aussi « oratrice » cette année, un bien grand mot pour dire que j’ai simplement co-animé un atelier technique du samedi avec Marie Destandau et Hugues Moreno : « Cascade et héritage : concevoir, organiser, optimiser et maintenir ses feuilles de styles ».
Mes envies pour l’année prochaine ?
Un son de cloche me manquait cette année, celui du webdesign qui, outre qu’il soit dans mon colimateur du moment, est tout de même le premier des trois mots sous-titrant Paris Web ;-)
Et les designers ? les graphistes et les créas ? les concepteurs web ? Comment font-ils leur boulot ? Comment se conçoit une interface web ? Quelles sont leurs préoccupations en matière de qualité web, d’ergonomie et d’accessibilité ? Pourquoi sont-ils si absents ?
Un autre centre d’intérêt pointe le bout de son nez : celui des CMS et outils de publication web. Comment prennent-ils en compte (ou pas) ces exigences de qualité ? Savent-ils se rendre accessibles ? Un retour sur expérience serait intéressant, tant du point de vue utilisateur que développeur.
Merci :-)
Vos commentaires
1. Le 18 novembre 2008 à 22:05, par Monique
En réponse à : Paris Web 2008
Bonjour,
Les choix étaient vraiment trop cruels !!!
Je n’ai pas assisté à ton atelier et j’aurais pourtant bien voulu, comme à bien d’autres...
Amicalement,
Monique
2. Le 18 novembre 2008 à 22:12, par 20cent
En réponse à : Paris Web 2008
Tiens, ça fait du bien de lire (aussi ici) des réflexions portant vraiment sur les thèmes des conférences.
Je partage également tes envies pour l’an prochain !
3. Le 18 novembre 2008 à 23:06, par Stéphane Deschamps
En réponse à : Paris Web 2008
« On est tous des handicapés ! », qu’elle dit.
Viens sur la scène, c’est chouette de pouvoir le dire en vrai et de conclure "Ich bin ein Berliner" (j’en profite pour tester la langue chez toi, tiens).
Oh oui oh oui une conf sur les CMS. Je connais l’orateur idéal !
4. Le 18 novembre 2008 à 23:15, par Olivier G.
En réponse à : Paris Web 2008
Justement non ! En 97, la guerre portait sur les fondements du web, sur le HTML. Maintenant, tout le monde est d’accord pour avoir les mêmes fondements (même IE va respecter les standards), la guerre se reporte sur le moteur qui utilise les fondements, regarde par exemple les annonces des performances javascript : chaque mois, un navigateur fait mieux que les autres. Chaque mois, un navigateur implémente une nouvelle portion de fondements et le fait savoir, etc.
C’est là qu’est la nouvelle guerre du web, et plus au niveau des standards. Et c’est tant mieux pour l’internaute !
5. Le 18 novembre 2008 à 23:45, par Stéphane Deschamps
En réponse à : Paris Web 2008
Oui et non, Olivier.
J’ai failli demander le micro (mais je l’avais déjà trop pris) pour expliquer notamment que l’implémentation de CSS dans les navigateurs mobiles est le dernier de nos soucis pour l’instant. Déjà, il va falloir implémenter le support de HTML dans tous les machins que j’ai vus à base de Java.
Et puis y’en a pas deux qui savent gérer de la même manière le Flash, le JS, etc. Je t’invite par exemple à tester une page dans laquelle jQuery fait apparaître un
dialog
pour pleurer... et voir que pour l’instant, le client n’est pas encore le grand gagnant...6. Le 19 novembre 2008 à 01:44, par Frank Taillandier
En réponse à : Paris Web 2008
Oui malgré toute la variété des conférences de cette année, le design est un peu passé à la trappe, si l’on excepte la conférence d’Amélie sur les interfaces.
7. Le 19 novembre 2008 à 11:11, par Christophe C
En réponse à : Paris Web 2008
Bonne remarque pour le webdesign et la conception ! Même si il n’est pas aisé d’aborder « objectivement » un domaine fort subjectif que le design web :)
8. Le 20 novembre 2008 à 07:19, par Lentz
En réponse à : Paris Web 2008
« le décalage entre le grand intérêt des sujets abordés, la pertinence des problématiques et des approches, et l’aveu, quasimment à chaque conférence, de leur trop grande rareté dans les projets web. »
Encore faut-il que les maitres d’ouvrage se donnent les moyens de la qualité sur leurs projets. Il est tellement facile de publier quelque chose sur le web désormais que financer toutes les étapes pour obtenir un bon niveau de qualité n’est pas nécessairement évident pour tout le monde.
Au sujet des CMS un référentiel de qualité ou de bonnes pratiques est en effet une bonne idée. Je crois que le groupe de travail Accessiweb a commencé à se pencher pour sa part sur le sujet il y a deux jours.
9. Le 20 novembre 2008 à 16:53, par Loiseau2nuit
En réponse à : Paris Web 2008
Pas qu’ils veulent pas venir mais je crois qu’ils ont du taff sur la planche ;)
Bel article comme à l’accoutumée. Et au plaisir d’assister un jour à un de tes ateliers. Je garde en mémoire ton intervention à la DiPi2007 de Nantes, et comment dire... I Want Much More !!! :D (moi aussi je vais tester les langues tiens !)
10. Le 23 novembre 2008 à 22:59, par Stéphane Deschamps
En réponse à : Paris Web 2008
Loiseau2nuit : quand je dis « tester les langues » je veux dire "tester le <span lang="en (ou de ou autre)">. Je suis un furieux...
11. Le 23 novembre 2008 à 23:33, par Romy Têtue
En réponse à : Paris Web 2008
Bâh, je suis une furieuse aussi, alors :-)
12. Le 17 février 2009 à 16:14, par Loiseau2nuit
En réponse à : Paris Web 2008
3 métros après la bataille : Ah ? je n’avais en effet pas saisi la nuance.
Et qu’est ce que ca apporte cette petite chose là ou en d’autres termes WTF is that and hos does it work ?
Et surtout, pour que ca apporte quelque chose, quelle implémentation technique ? J’ai beau relire l’article je ne vois pas la référence. Auriez vous un peu de doc là dessus ?
Merci ;)
13. Le 18 février 2009 à 00:23, par Loiseau2nuit
En réponse à : Paris Web 2008
Pardon pour le bruit, j’ai fini par retrouver l’article ;)
14. Le 8 septembre 2009 à 22:02, par Stéphane Deschamps
En réponse à : Paris Web 2008
(chère romy, ton commentaire chez moi m’a donné envie de venir relire chez toi le compte-rendu, et j’ai bien fait)
Loiseau2nui disait :
Et personne n’a rebondi, donc je vais le faire : et nous, est-ce que tu crois que nous avons un peu, beaucoup, ou pas du tout de travail ? :)
Non, je ne suis pas sûr que la raison de l’absence des designers ne vienne que de ça.
Peut-être qu’une raison de leur absence est à chercher ailleurs : se reconnaissent-ils dans cette conférence, ou préfèrent-ils aller parler ailleurs, par exemple ?
Une portion non négligeable des designers que je connais, en outre, sont très timides. C’est dommage.
15. Le 8 septembre 2009 à 22:06, par Stéphane Deschamps
En réponse à : Paris Web 2008
... et Loiseau2nuit prend un « t » à la fin... (je me tape sur les doigts)
16. Le 8 septembre 2009 à 22:31, par Romy Têtue
En réponse à : Paris Web 2008
Tiens, t’es comme moi : c’est toujours après avoir posté que je percute mes erreurs de frappe. Pas avant, au moment de la prévisu, non : après !
Timides, mouais...
Nous sommes tout de même quelques uns à nous demander où sont passés les webdesigners. Faut voir cette page à rallonge : Quels sont les meilleurs web designers français ? Existent-ils seulement ?
Autre hypothèse, émise ici en commentaire, mais qui m’a soudain ouvert les yeux :
Mon hypothèse est encore plus méchante : entretenir le mystère autour de ce que beaucoup considèrent encore comme un don inexplicable (divin ou autre) permet de s’auréoler à peu de frais. Ça flatte l’égo et la fainéantise de l’artiste franco-séducteur à nœud lavallière qui sommeille en chacun de nous...
17. Le 8 septembre 2009 à 22:49, par Cédric
En réponse à : Paris Web 2008
ah c’est au noeud lavallière qu’on reconnait l’artiste ?
18. Le 8 septembre 2009 à 23:14, par Stéphane Deschamps
En réponse à : Paris Web 2008
C’est bien vu aussi, Romy. Mais bon sang, quand je vois les Jason Santa Maria, les Cameron Moll, les Douglas Bowman, les Jeffrey Zeldman, je me dis qu’il existe des gens qui ont un recul critique sur leur activité et qui peuvent en parler et contribuer à la réflexion.
Bref, c’est frustrant.
19. Le 8 septembre 2009 à 23:18, par Romy Têtue
En réponse à : Paris Web 2008
Hélas, hélas...
20. Le 8 septembre 2009 à 23:25, par Stéphane Deschamps
En réponse à : Paris Web 2008
PS : pour les timides, je pensais notamment à Hélène d’o2sources qui s’est dégonflée ;), à Laurence (hellgy), à Maurice qui a du talent mais qui se cache derrière l’objectif de son appareil photo, etc.
En DA évidemment Sam Latchman, qui a déjà fait une conf à Paris Web mais que j’aimerais voir parler de la démarche de DA, avec un sujet appliqué...
Vous en voulez encore ?
Aurélien Levy qui vient de finir le redesign de Temesis aurait pu faire une belle étude de cas, aussi.
Benjamin De Cock, avec des sites si intéressants, a forcément des choses à dire
(c’est en balançant des noms qu’on finit par les forcer à sortir du bois) ;)
21. Le 9 septembre 2009 à 02:34, par Romy Têtue
En réponse à : Paris Web 2008
Peut-être en organisant une discussion informelle entre timides de talent, pour comprendre pourquoi on adopte tous des postures introverties comme ça.... J’ai bien ma petite idée, mais j’arrive pas à l’élaborer seule.
22. Le 10 septembre 2009 à 13:43, par Stéphane Deschamps
En réponse à : Paris Web 2008
bé propose un atelier à paris web alors ! ;)
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