Chez lui, cette nuit, vers 23 heures, couché dans son lit, il a arrêté de respirer. Ça faisait trois jours qu’il ne trouvait plus son souffle, le voilà soulagé. Il a bien mérité ce repos.
Quatre-vingt douze ans, vaillant, et toute sa tête. Une vie dont il n’a pas à rougir. La guerre. Plus de soixante ans de mariage heureux. Son doigt en moins, perdu lorsqu’il était apprenti. Un homme qui a entreprit sa vie, travailleur consciencieux, bricoleur intelligent, commerçant apprécié. Un humain ouvert au monde, curieux de l’étranger, convivial. Un esprit libre, sans dieu ni maître. Un grand-père dont je suis fière, et qui me fit office de père aimant.
Je croyais mourir de chagrin en apprenant sa mort. Je supposais que je n’arriverais pas à y croire, encore moins à m’y faire... Il a toujours été là, égal à lui-même, et je le souhaitais immortel.
Je suis heureuse : il est parti comme il a vécu, en regardant devant lui, et me laisse au cœur un paquet de bonheur et la chance d’être sa petite-fille.
Puissé-je à mon tour vous partager ce cadeau.