Dark side of the moon, l’un des plus fameux [*] albums des Pink Floyd est réputé impossible à jouer sur scène. Sorti en 1973, il est construit sur des expérimentations sonores réalisées en studio, dont le groupe n’a pas pris note en faisant, si bien que pour le rejouer sur scène, Pink Floyd utilisait des bandes playback.
Après un long et fastidieux travail de recherche et de reconstitution, la compagnie Inouïe parvient à réaliser en direct sur scène ce que Pink Floyd n’a jamais pu faire. Il faut dire qu’à l’époque, il aurait fallu trois camions pour transporter les neuf tonnes d’équipement ! Les parties de synthèse sur séquenceur, autrefois très difficiles à réaliser sur scène, sont ici créées en direct, grâce à la technologie numérique et certains nouveaux outils analogiques.
« Des Fender seventies sorties de nulle part, du scratch sur des vieux synthé à ressorts apparents, du 220 en distorsion sur les vieilles Cabasse », les réveils et la caisse enregistreuse de Money, tout y est, même les micros et les chaises sont d’époque ! Aucun playback ! J’ai apprécié la reconstitution historique, époustouflante, qui recrée les sons avec précision, non sans quelques improvisations, bienvenues, de la compagnie Inouïe.
Toute cette technicité démonstrative manque certes d’émotion, mais on découvre avec intérêt les gestes de recherche et les outils de création utilisés par Pink Floyd. Cette performance, qui se termine par une leçon pédagogique de Thierry Balasse, nous replonge dans l’ambiance extraordinairement créative du groupe : des touche-à-tout perfectionnistes, toujours à la recherche de nouveaux sons, qui expérimenterait avec les nouveaux instruments, avec des techniques encore rares pour l’époque.
J’ai ainsi appris quel était le secret du son si particulier d’Echoes, mon morceau préféré, avec sa note qui tinte comme un sonar : il est commencé au piano, amplifié au travers d’une « cabine Leslie » — un gros meuble qui m’intriguait sur scène, pourvu de haut-parleurs à diffusion rotative, qui produit un vibrato caractéristique. Wow ! Espérons qu’à la prochaine écoute, je me laisse encore emporter, sans me préoccuper de décortiquer les sons entendus pour en deviner l’origine…
La compagnie Inouïe s’inscrit dans la démarche expérimentale des Pink Floyd et propose diverses pistes d’explorations musicales, dans lesquelles l’écoute demeure l’axe de recherche et de construction pour élaborer ses différents projets. À suivre !
Vos commentaires
1. Le 19 mars 2014 à 10:09, par paulo
En réponse à : La face cachée de la lune
Je suis très impressionné par la démarche, et la mise en place d’un tel projet de musique. Refaire vivre un concert de pink Floyd de 1973 réputé impossible est une prouesse magnifique.
La compagnie Inouïe est vraiment passionné pour tenté de telle expérience, merci pour la découverte !
2. Le 19 mars 2014 à 16:12, par Balasse
En réponse à : La face cachée de la lune
Bonjour,
merci pour cet article plutôt sympathique. Je voulais juste vous dire, mais ce n’est que mon point de vue, qu’il me parait douteux de remettre en question l’ « émotion » d’un spectacle. L’émotion, c’est ce que ressentira ou non un spectateur. Et je ne vois pas comment vous pouvez parlez d’émotion à la place des autres. C’est une affaire très personnelle il me semble. Il me paraitrait plus juste de dire que vous n’avez pas ressenti vous même assez d’émotion. Par ailleurs, je me permet de sourire à l’évocation de cette hypothèse que les Pink Floyd n’avaient pas la possibilité d’avoir les camions pour autant de matériel !!! Nous tournons avec une camionnette rallongée, là où les Pink Floyd tournaient déjà à l’époque avec plusieurs poids lourds...
musicalement,
Thierry Balasse
3. Le 19 mars 2014 à 17:04, par Romy Têtue
En réponse à : La face cachée de la lune
Si d’autres témoignent avoir plané pendant le spectacle, j’étais pour ma part bien trop intriguée par le matos sur scène, qui a éveillé ma curiosité — ce qui est aussi l’intérêt de votre interprétation.
Bref, c’était, pour moi, plus intéressant qu’émouvant, mais j’en suis ravie. Vous avez fait un travail impressionnant de reconstitution et d’explicitation et j’ai particulièrement apprécié la leçon pédagogique finale. Je remercie d’autant plus votre travail, qu’il me fait tendre l’oreille, tant vers les compositions passées — je ré-écoute Pink Floyd en boucle depuis — que celles contemporaines — je guette vos prochaines dates, pressée de découvrir vos autres créations, et me suis mise en quête de nouveaux sons par ailleurs.
Un très grand merci et à bientôt !
4. Le 21 mars 2014 à 07:30, par Balasse
En réponse à : La face cachée de la lune
Vous êtes évidemment la bienvenue pour nos autres spectacles très différents, et j’espère que vous arriverez à laisser venir les émotions la prochaine fois :-) . Et merci pour vos commentaires, c’est toujours très intéressant pour moi d’avoir ces retours. Bonne suite à vous !
Thierry
5. Le 21 mars 2014 à 21:27, par Nico
En réponse à : La face cachée de la lune
Merci pour ce billet, très intéressant :)
Ah Breathe…
6. Le 24 mars 2014 à 21:14, par aleksee
En réponse à : La face cachée de la lune
Merci pour cet article.
J’aurais adoré une date dans le Nord de la France... Il y a beaucoup de fans de Pink Floyd ici :)
7. Le 24 mars 2014 à 23:24, par Romy Têtue
En réponse à : La face cachée de la lune
À en croire ce tweet de Maev59, il y a peut-être d’autres dates :
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