C’était un sale type qui commençait par vous incendier copieusement. Un type si salement bouffé par la vie qu’il ne savait même plus dire bonjour, mais vous sautait dessus en demandant, suspicieux : « T’es qui toi ? » avant de vous soumettre à un interrogatoire acharné. Il nous avait tous et toutes traités de « pauvres nazes » et de « pourritures » parfois taxées d’être « à la solde du gouvernement », allez comprendre !
Ce capitaine Haddock du Web, souvent trop cassé pour être aimable, employait des jurons en guise de ponctuation, avec une nette préférence pour les « putes » et autres « putains », n’en déplaise aux « greluches » que nous étions. Il fallait s’accrocher pour supporter la violence, souvent contenue mais parfois débordante, de ce quinquagénaire broyé dont plus personne ne voulait.
Un sale garnement que SPIP avait osé accueillir, lui ouvrant son core en février dernier. Un fervent défenseur du libre qui codait avec amour et contribuait avec générosité, tant à SPIP qu’aux projets jQuery, Pear et Tikiwiki. En un trimestre et quelques milliers de commits, ce type trois fois génial a activement contribué à remanier SPIP. On apprécie déjà les crayons et autres plugins. On pensera forcèment à lui en dézippant la prochaine 1.9.3...
Il y allait en douceur, méthodiquement et progressivement, sans tout péter, veillant à ce que ça reste toujours utilisable et le plus simple possible.
Insomniaque, toujours présent sur IRC, se coltinant les questions complexes aussi bien que les simplettes, il était le seul capable de tenir la conversation à l’affreuse Shiraz, un robot relayant les actualités de SPIP sur le canal. J’avais rencontré le phénomène à la DiPi, et je me souviens du bonheur que j’avais alors eu à nous voir ainsi réunis, tous et toutes, immensément différents et si heureux d’être ensemble.
Toggg, sale type, tu vas me manquer !