Différence fondamentale d’avec la chaîne graphique print que nous connaissons : sur le Web, le rendu est à charge de l’utilisateur.
La chaîne graphique print
Repartons d’une chose que nous connaissons bien, pour la pratiquer depuis ce cher Gutenberg, qui inventa l’imprimerie en 1454 : la chaîne d’impression, dite « print », ou « chaîne graphique » [1].
Chaque chaîne de production a ses particularités, chaque équipe a ses habitudes mais, sans entrer dans le détail, on y retrouve toujours ces trois grandes étapes :
- d’abord une étape de conception,
- puis de maquettage, qui aboutit, avec le BAT (bon à tirer), à l’impression,
- puis la publication et la diffusion.
La chaîne de production web
La chaîne de production web est bien plus récente, encore nouvelle. Rappelons que la première page web date du début des années 90. Le Web vient de fêter ses 20 ans, le bel âge !
On parlera plutôt d’« exploitation » que de « diffusion » : le vocabulaire change, mais nous retrouvons les mêmes trois grandes étapes. Nous avons tendance à les aborder en décalque de ce que nous connaissons, c’est-à-dire la chaîne graphique print. C’est une erreur, car il y a des différences fondamentales.
Qualifier cette chaîne, comme celle print, de « graphique » serait réducteur en plus d’inapproprié. En effet, la compétence à l’œuvre principale sur le Web n’est pas le graphisme, mais le développement informatique. Fabriquer un site web, c’est le programmer. Publier sur le Web, c’est diffuser une information via le système informatique. Une autre composante, inexistante en print, est l’interactivité. En effet, le destinataire n’est plus passif : il peut interagir avec la publication — en y déroulant un menu, en y postant un commentaire public —, la modifiant peu ou prou.
Mais ne rentrons pas dans le détail pour l’instant et comparons simplement ces trois étapes principales. À votre avis, sur la chaîne de production web, quand interviennent ce qui correspond à l’impression et la publication ?
Ça marche à l’envers !
Sur le web, publication et impression — du moins, ce qui correspond à l’impression, c’est-à-dire l’affichage de la page à l’écran — interviennent dans un ordre inverse du print : on publie avant d’imprimer, c’est fou, non ? On met d’abord le site en ligne, puis les internautes viennent le consulter : c’est à ce moment que la page est chargée sur leur poste et s’imprime sur leur écran.
Il y a donc autant d’impressions qu’il y a de consultations, de poste utilisateur. Le rendu graphique s’effectue non plus par l’éditeur, ni chez un imprimeur, mais au dernier moment, sur le poste de l’utilisateur. Avec ce dont celui-ci dispose en palette de couleurs, polices, résolution, etc. C’est comme si chaque utilisateur venait avec ses petits pots de couleur pour imprimer la page sur son propre papier. Bref, sur le Web, le rendu est à charge de l’utilisateur.
Sur le Web, le rendu est à charge de l’utilisateur
Cette différence est fondamentale. Et lourde de conséquences : non, on ne peut pas contrôler le rendu des couleurs (ni des typos, ni…). Il n’est techniquement pas possible de calibrer tous les écrans et tous les systèmes de la planète de la même façon — même ceux en noir et blanc ? même les systèmes sans écran ? les navigateurs textuels ou vocaux ? — pour garantir un rendu fidèle de votre palette de couleurs. Une maquette graphique web ne donne qu’un aperçu parmi d’autres possibles.
Cette différence n’est pas du à un bug ou une immaturité du Web. Non. C’est ainsi qu’il a été conçu. Et c’est précisément ce qui fait sa force, notamment sa puissance de diffusion : il passe partout. Le Web se veut consultable sur tous les terminaux, que ceux-ci soient graphiques, textuels, vocaux ou autre… et même sur les terminaux qui n’ont pas encore été inventés. Jeune le Web, mais diablement malin !
Vos commentaires
1. Le 15 octobre 2014 à 14:44, par Stanislas
En réponse à : Difference print ≠ web
Est ce cette difficulté à faire comprendre cet aspect du média qui explique que le flux RSS ne soit pas (re)connu non plus des utilisateurs ?
Sur le même sujet, j’avais aussi beaucoup aimé un article proposé en traduction par l’équipe de Pompage : Le tao du design Web
Merci pour ce site.
2. Le 28 septembre 2015 à 16:26, par Valérie
En réponse à : Difference print ≠ web
Comme le rendu est à la charge de l’utilisateur, y-a-t-il un moyen quelconque de pouvoir évaluer le rendu final lors d’une impression sur papier ou tous types de supports ? Est-ce que le choix du type d’imprimante ou du type de consommables tels que les cartouches ou les divers toners lasers existants doivent eux aussi être pris en compte. J’imagine tester est la première chose à faire, mais si il est existe une solution alternative à cela afin d’éviter des pertes, je suis preneuse.
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