Dans mes souvenirs d’enfance, il y a des dessins d’enfants de Beyrouth en guerre. Trente ans plus tard, je vois toujours les mêmes avions gribouillés en oiseaux noirs dans le ciel. Les mêmes éclaboussures de crayon feu et sang...
Depuis quelques années, l’évitement qu’ont journalistes à prononcer le mot « guerre » m’étonne. Tous de dire « ça ressemble à la guerre », mais aucun de dire que c’est la guerre. Qu’il s’agisse de celle du Golfe, de l’opération Tempête du désert et maintenant de Beyrouth, il n’est jamais question que de « poudrière du proche-orient », de « crise » voire de « conflit armé », de « raids aériens » et de « frappes chirurgicales », de « victimes parmi la population civile », de nécessité d’une « trêve » humanitaire... Tout un champ lexical déployé qui tourne autour du pot sans jamais en énoncer le paradigme, ou alors enrobé de guillemets comme autant de précautionneuses pincettes.
Ainsi Israël, qui occupe déjà la Palestine, tout en gardant la Syrie dans le collimateur, attaque maintenant le Liban, mais ce n’est pas la guerre. On erre dans un champ lexical miné de tanks, de missiles, de roquettes, de soldats, de F-15, mais non, on ne peut pas dire que ce soit la guerre. C’est quoi alors ? C’est quoi une guerre innommée ? Quelque chose qui ne compte pas ?
Diala est rapatriée. Leïla veut rester. Elle dit : Israël attend que tous les ressortissants étrangers soient rapatriés pour tout bombarder. Ça va être un vrai carnage.
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