Il est étonnant que la Maison Européenne de la Photographie (MEP) consacre une exposition à une œuvre aussi ennuyeuse dans sa forme qu’ambiguë dans son sujet. Plus étonnant encore le non-dit quant au sujet même de l’œuvre, l’obsession des jeunes garçons, l’homo-érotisme, que d’autres qualifieraient plus abruptement d’« art pédophile ».
On s’ennuie à mourir face aux « Écritures », phrases de lumière, enflées et dépressives, inscrites dans des paysages, façon land-art amateur. On se gratte le sourcil de consternation devant « La fin de l’image », série de minuscules photos de peaux d’enfants en gros plan, où se déchiffrent des mots mièvres peints à l’encre blanche que l’artiste décrit lui-même comme des paroles murmurées, des formules sibyllines qui cachent d’énormes évidences, indécences
… Enfin, on bâille encore face à la grandiloquence puérile de cette distribution d’appareils photos jetables aux enfants de la planète pour qu’il immortalisent le « Plus beau jour de ma jeunesse »…
Tout commence par les « grandes vacances » (1976-1981). Des clichés, dans tout les sens du terme, de vacances réussies : pleines d’activités diverses et variées et d’enfants que l’on devine épanouis et heureux, libérés de toute autorité parentale. À ceci près que les personnages photographiés sont des mannequins. Ces saynètes de vacances idéales ne sont en fait que des mises en scène sortant tout droit de l’imagination d’un photographe soixante-huitard [1] qui joue encore à la poupée dans sa nostalgie d’une enfance en culottes courtes.

En effet, les mannequins sont ceux des vitrines du début du siècle, exclusivement masculins, représentants les garçonnets idéaux et les jeunes éphèbes de la glorieuse époque du scoutisme en culottes courtes, dans la droite ligne des romans pour la jeunesse de la collection « Signe de Piste » [2], exaltant les « vraies » valeurs (loyauté, bravoure et dévouement), et les grandes amitiés (masculines), superbement illustrés.
Qu’il s’agisse des mannequins d’époque, des illustrations des Signe de Piste ou des clichés de Bernard Faucon, les canons esthétiques sont les mêmes. Ils sont jeunes, beaux, sveltes et élancés, blonds pour la plupart, un physique presque aryen, ou parfois bruns et basanés, délicieusement exotiques, l’œil de biche en amande, imperceptiblement bridé. Toujours en shorts, les jambes nues, glabres et galbées, torses et visages imberbes, la nuque rasée de près et la mèche au vent. Ces jeunes adolescents semblent irréels tant ils sont stéréotypés.

Peu à peu, au fil du temps, de véritables enfants se glissent dans les mises en scènes de Bernard Faucon, s’efforçant de paraître plus faux que les vrais mannequins, tentant de disparaître en se fondant, l’air de rien, dans le décor, gardant sagement la pause imposée, souvent nus parmi les mannequins costumés… Mannequins bientôt désarticulés, jetés au sol, à l’eau, au feu… Banquets, crucifixion, carnaval, repas cannibale, cène, orgie de melons, déguisements, secrets et autres jeux… Garçonnets au regard parfois effrontément braqué vers l’objectif, façon innocente pin-up… Corps nus, recroquevillés au sol ou roulés en boule dans un fourré éclairé par les phares d’une voiture : position fœtale ou prostration ?

La série de diptyques « Idoles et sacrifices » met un terme à toute cette mascarade pour basculer dans l’exaltation mystique : des icônes dorées de jeunes garçons nus, divinisés — Puisque les vivants sont in-photographiables, on peut tenter de photographier des dieux !
en dit le photographe —, auxquelles répondent des flaques ou des giclées de couleur sang. Blessures, tortures, sacrifices ? Innocentes victimes ? Mais quel est cet univers torturé où Idole et Sacrifice sont un couple inséparable
, où l’enfance, idolâtrée, va de paire avec tant de souffrance, tant de sang ?
La série des « chambres d’amour » (1984-1987), dont la première dévoile, alanguis dans les draps défaits, deux corps nus presque hors-champ, comme honteusement montrés, que l’on discerne masculins et jeunes (mais enfant ou adulte ?), précise enfin le sujet [3], qui s’inscrit pile dans la confusion de cette époque où homosexualité et pédocriminalité étaient si indistinctement mêlées [4].
Les BoyLovers, importante communauté d’internautes ouvertement pédophiles qui se définissent comme des « amoureux des garçons », ne s’y trompent pas et savent bien ce qui les séduit quand ils mentionnent l’œuvre de Bernard Faucon dans leur sélection d’« art pédophile ». L’encyclopédie Wikipédia fait aussi ce rapprochement, en citant le photographe à l’article « Pédophilie », pour illustrer le traitement de ce sujet dans l’art. Alors, pourquoi la MEP et autres critiques artistiques passent-elles sous silence cette thématique si prégnante de l’œuvre de Bernard Faucon ?
Vos commentaires
1. Le 23 décembre 2006 à 20:46, par Victime de Faucon
En réponse à : Ballade dans l’univers glauque de Bernard Faucon
Vous ne vous êtes pas trompée. Bernard Faucon est un être dangeureux. J’ai été sa victime, comme beaucoup d’enfants. Il est trop tard (juridiquement) pour porter plainte mais je peux vous confirmer que ses agissements ont fichu ma vie en l’air. J’étais jeune. Je n’oublierai jamais.
2. Le 7 janvier 2007 à 15:39, par PAT
En réponse à : Ballade dans l’univers glauque de Bernard Faucon
Je n’aurais pas la prétention d’apporter une critique à votre vision de l’oeuvre de Faucon. Je puis néanmoins déplorer la confusion, classique, entre homosexualité, pédérastie et pédophilie que l’on peut trouver dans votre article. Il est certes judicieux de proposer des références mais je trouve dommage de commettre les mêmes erreurs que vous dénoncez dans vos notes.
Qui plus est, afin de donner plus de crédibilité à votre critique, je vous serais gré de veiller plus précautionneusement au respect de l’orthographe.
Continuez cependant à apporter vos commentaires qui, s’ils ne brillent pas nécessairement d’une objectivité idéale, éclairent les oeuvres d’une lumière intéressante.
3. Le 21 janvier 2007 à 12:02, par MdN
En réponse à : Ballade dans l’univers glauque de Bernard Faucon
Là où je m’étonne, c’est de cette sorte d’index tourné vers l’artiste de manière accusatrice, au nom de quoi du reste ?
C’est devenu une mode de voir dans l’art des complicités pédophiles ou pédérastiques vous le décrivez très bien. Moi j’ai une question à vous poser, peindront-nous un jour des slips sur les tableaux de nus d’enfant, iront-nous mettre des slips sur les statues d’anges du château de Versailles ?
Il faut surtout arrêter de parler de pédophilie dans n’importe quel sens, parce que c’est très « in » en ce moment d’ « outé » des personnes et d’amener ce sujet qui dérange beaucoup de gens. Maintenant c’est l’art de Faucon qui est en question, et bien moi quelques photos j’aime bien, d’autre moins, d’autres pas du tout.
Si l’art devient politiquement correct, c’est plus de l’art, mais du dictat.
4. Le 19 février 2008 à 21:14, par MOI
En réponse à : Ballade dans l’univers glauque de Bernard Faucon
Je peux comrendre que ces oeuvres puissent deranger certaines personnes (ayant des problemes d’dentite).
Mais, un enfant nu ,c’est beau, mais ca n’a rien d’ erotique , et un adulte nu , c’est beau, et ca n’a rien rien d’erotique, non plus.
Par contre, aucun commentaire sur La Lumiere presente dans ces oeuvres. Lumiere , pourtant exeptionnelle , et pour laquelle, je m’interroge toujours . Cest cela une Oeuvre
5. Le 12 mai 2008 à 23:39, par carton
En réponse à : Ballade dans l’univers glauque de Bernard Faucon
Je viens de taper « bernard faucon pédophile » sur google et je suis tombé sur cette page. Je suis bien placé pour confirmer ce qui ressort de cet article puisque, moi aussi, je suis passé entre les mains de cette pourriture qui m’a bien gâché la vie. J’ai fait il y a 10 ans environ un signalement à 2 associations (bouclier.org et l’autre dont j’ai oublié le nom). Aucune réponse... En tous cas, il est effectivement trop tard pour porter plainte, mais toujours assez tôt pour lui foutre mon poing dans la gueule si un jour je le croise à apt ou à paris... En ce qui concerne les commentaires des pseudos intellos de salon qui défendent ces photos de merde et qui ne se sont jamais pris une pine dans le cul à 10/12 ans comme moi, ça me fout la nausée une telle connerie... Au fait, mon ip n’est pas masquée et mon mail n’est pas bidon. Je suis disponible pour un éventuel témoignage, sur lui ou d’autres (à cet époque, faucon n’était pas le seul dans la région d’apt à se farcir des gamins, il y en avait un autre, plus brutal, qui habitait à saint saturnin d’apt...).
6. Le 16 mai 2008 à 22:57, par thlej
En réponse à : Ballade dans l’univers glauque de Bernard Faucon
les temoignages des victimes me glacent d’ autant qu’ ayant frèquenté bernard a barbes et a apt , je me suis douté de cela sans intervenir
7. Le 12 juin 2008 à 11:00, par Pierre-André
En réponse à : Ballade dans l’univers glauque de Bernard Faucon
Hétéro assumé, je n’ai jamais, depuis « Mort à Venise », peut-être, reçu un tel choc que lorsque j’ai découvert la rétrospective de Faucon il y a 3 ans. L’impression d’approcher la beauté absolue, sa plénitude mortifère, son bonheur transhumant, sa paix irradiée, de goûter l’inespéré qui ne doit rien à l’espoir.
Je sors de la projection d’un film sur Faucon qui s’appelle « L’échange des images » et mon sentiment n’a pas changé.
Pierre-André, de Montevideo, en vacances à Paris.
8. Le 23 avril 2010 à 14:12, par DESGRANGES
En réponse à : Ballade dans l’univers glauque de Bernard Faucon
Pour ma part, je suis tombé par hasard sur Le Banquet, oeuvre de 1978. J’ai adoré cette photo. Elle m’évoque une citation de Karl Krauss : « La situation est désespérée mais pas grave ».
C’est très compliqué. D’un coté, il y a ma fascination pour cette oeuvre. Et d’un autre, ces accusations insupportables.
Il y a l’homme et l’oeuvre. Pour moi, c’est deux choses dissociées. La photo est géniale et l’homme dégueulasse.
9. Le 13 janvier 2011 à 22:46, par Patte
En réponse à : Ballade dans l’univers glauque de Bernard Faucon
Carton,
Pourrais-je avoir plus de détails sur ta mauvaise expérience avec faucon car tu devrais aller plus loin dans ta démarche si ce que tu dis est vrai. Tu as besoin d’aide et il n’est jamais trop tard, même juridiquement.
Je peux t’aider.
Patte
10. Le 24 janvier 2011 à 18:42, par Floquet Christian
En réponse à : Ballade dans l’univers glauque de Bernard Faucon
En voilà une magnifique erreur historique. Car Yves de Verdilhac alias Serge Dalens n’était pas le co-fondateur de la collection signe de piste. En effet elle fut créée en 1937 par Maurice de Lansaye alias Jacques Michel Dalens en deviendra co-directeur en 1954 avec Jean-Louis Foncine
11. Le 28 décembre 2011 à 20:40, par Romy Têtue
En réponse à : Ballade dans l’univers glauque de Bernard Faucon
Depuis la publication de cette critique artistique, je reçois des témoignages mais aussi des menaces, ainsi que des demandes de mise en relation, de renseignements… auxquelles je n’ai pas à répondre ni donner suite. Mon rôle n’est pas d’enquêter, ni de juger et je ne suis pas en capacité d’aider les victimes.
Pour les viols et agressions sexuelles appelez SOS viols : 0 800 05 95 95. Pour signaler des contenus pédoporno : https://internet-signalement.gouv.fr
12. Le 29 décembre 2011 à 21:49, par buibui
En réponse à : Ballade dans l’univers glauque de Bernard Faucon
bonjour à tous,
je suis étudiante en photographie et effectue mon mémoire sur l’image de l’enfant dans la photographie, et m’interesse notament à des oeuvres mettant en scene la sexualité de l’enfant ( Ionesco, gross, les nouvelles lolita et bernard faucon). je m’interess encore plus à la place du modele dans ces oeuvres et à leur vécu ... je sais que cela peut etre délicat étant donné ce que j’ai lu un peu plus haut, mais si les deux personnes qui disent avoir posé pour lui sont d’accord j’aimerais recceuillir leurs avis ...
merci beaucoup, c’est bien d’en parler
13. Le 16 avril 2012 à 17:37, par katia
En réponse à : Ballade dans l’univers glauque de Bernard Faucon
bonjour,
je suis arrivée sur ce site, en suivant une photo qui ne représentait pas d’enfant, mais une scène de vacances avec une très belle composition. En allant sur le site de Faucon j’ai vite senti le malaise, j’ai retrouvé immédiatement ce regard de prédateur malveillant (j’assume mon sentiment) ? Ce que je lis ici me conforte. Mais alors pourquoi certains continuent ici de le défendre, malgré les témoignages affichés ?? « la beauté absolue » ...un enfant torturé et humilié peut aussi être très beau avec une belle lumière, un chef d’oeuvre !! Que chacun ait à coeur de protéger les enfants pour qu’ils arrivent à l’âge adulte avec sérénité, envie de vivre et confiance en eux et en le monde, que ce soit notre propre cas ou que l’on ait pas eue cette chance.Oui les enfants sont particulièrement beaux, il aurait mieux fallu pour eux qu’ils soient repoussants jusqu’à leur majorité ! C’est à nous adultes, de faire attention .
14. Le 14 août 2012 à 12:32, par pomme
En réponse à : Ballade dans l’univers glauque de Bernard Faucon
Est-ce que ceux qui ont connu Faucon, jeunes ou pas, et revu avec lui la vie d’un regard émerveillé pourront s’exprimer par ici, témoigner sans être taxés de complaisance ?
On donne trop de place au sexe et on prend les enfants pour des anges. L’essentiel est ailleurs.
Il faut dire sa reconnaissance et je la dis ici.
15. Le 8 février 2014 à 19:11, par Zoe
En réponse à : Ballade dans l’univers glauque de Bernard Faucon
Je viens de tomber sur l’oeuvre de cet homme et suis abasourdie . C’est de la pure pedophilie son « art » , j’ai evidement tout de suite recherche Bernard Faucon pedophile pensant qu’il apparaitrait comme tel immediatement ...
Comment peut on celebrer cet homme il est si facile d’imaginer ce qu’il a pu faire .
16. Le 16 octobre 2017 à 15:03, par Jean-Christophe
En réponse à : Ballade dans l’univers glauque de Bernard Faucon
Bernard Faucon a cosigné une promotion de la pédophilie, éditée aux éditions Recherches en avril 1979, titrée « fous d’enfance, qui a peur des pédophiles ? » : https://youtu.be/7E1M0oUMIC4
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